timbre freinet

 

THOMAS Yves, né en 1932, militant Freinet des Côtes d'Armor

Département

Lieu(x) d'exercice

Gommenec'h, Plestin-les-Grèves ( CEG)

Personnalité

Notice

À 85 ans, Yves Thomas se porte comme un charme mais l’émotion n’a pas été loin de lui tirer les larmes et d’ébranler sa solide carcasse, samedi midi à Paimpol. Soixante ans après, l’ancien instituteur de l’école élémentaire de Gommenec’h, dans les Côtes-d’Armor, était invité à déjeuner par une quinzaine de ses anciens élèves de primaire nés en 1946 et 1945.

Ils étaient venus spécialement de toute la Bretagne et même d’Orléans. Des retrouvailles aussi rares qu’improbables. « Ce n’est pas tous les jours qu’il y a un truc comme ça, confie Yves Thomas, dont le parcours d’enseignant soulève plus que jamais l’admiration générale. J’ai terminé ma carrière comme principal du collège de Plestin-les-Grèves. Après avoir été instituteur quatre ans à Gommenec’h, je suis passé au collège de Pontrieux où j’enseignais les maths. »

« Très ému »

Même soixante ans plus tard, personne n’a pu oublier l’instituteur exceptionnel et l’explication vient tout naturellement de l’intéressé lui-même, toujours aussi passionné. « J’ai connu des milliers d’élèves dans toute ma carrière mais ce sont les premiers qui m’ont laissé le plus fort souvenir, reconnaît Yves Thomas. À l’époque, ils avaient entre 8 et 11 ans. Ils m’ont applaudi. C’est touchant. Je suis très ému qu’ils aient pensé ainsi à moi. »

« Je les aimais bien, poursuit-il. J’ai toujours su que pour être un bon enseignant, il faut d’abord aimer les enfants. De ce côté-là, je n’ai jamais eu de problème, même s’il m’est arrivé d’avoir été rude. On ne peut pas enseigner correctement si on n’aime pas les enfants et ce qu’ils sont. »

Appétit de connaissances

Avec un mois d’avance sur son anniversaire, Yves Thomas pouvait-il rêver plus beau cadeau que ce retour d’affection ? En retraite à Paimpol, on dirait qu’il n’en finit pas de transmettre son appétit de vie et de connaissances.

« J’ai écrit l’histoire de Pontrieux ainsi qu’un ouvrage sur les crimes et délits dans le Trégor au XVIIIe siècle. J’ai aussi écrit un bouquin sur les paysans meuniers car mes aïeux étaient de cette origine. Je m’occupe mais ce n’est pas moi qui compte… C’est eux ! »

Passés de table en table, les albums et les photos de classe ont rafraîchi les mémoires. Et les commentaires élogieux à propos de l’instituteur n’ont pas tari…

« Chacun y trouvait son bonheur »

« Monsieur Thomas appliquait la méthode Freinet qui était assez révolutionnaire à l’époque car basée sur l’expression libre des enfants. Elle n’est pas très répandue mais on mesure tout son intérêt, souligne Andrée Boisard. Il y avait de surcroît les qualités humaines de l’enseignant qui savait emmener ses élèves, les transporter. C’est avec lui que j’ai découvert le bonheur de rédiger un texte. On ne se rend pas compte de ce que ça vaut. »

« Grâce à cette méthode Freinet, on a appris 50 % de choses supplémentaires. Il nous a ouvert et éveillé l’esprit. Il nous a rendus intelligents. C’est l’école et l’éducation qui offrent ça, confie Bernard Le Bars. À titre d’exemple, personne ne connaissait trop la musique classique à Gommenec’h et on en faisait… On avait un pluviomètre et on faisait de la météo quotidiennement. Les autres écoles ne faisaient pas ça. Chacun y trouvait son bonheur. L’un se passionnait pour la nature ou la météo. L’autre pour la musique. Ce n’est pas par hasard qu’on se retrouve aujourd’hui autour de lui. »

Autre signe flagrant du dynamisme avant-gardiste de l’instituteur, sa capacité à créer la curiosité mais aussi le lien social. « Il nous a même organisé un jumelage. En 1956, ce n’était pas courant. C’était avec Saint-Symphorien mais quel Saint-Symphorien ? s’interroge le Brestois Joël Le Boulzec. Il disait que chaque élève était intéressant et il essayait de s’adapter à chacun et au rythme de l’élève. » Personne n’a pu vous oublier monsieur l’instituteur.