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GROS Georges (1922-2018), militant Freinet du Gard et écrivain occitan

Département

Lieu(x) d'exercice

Nîmes ( Mont Duplan)

Personnalité

Image
GROS Georges (1922-2018), militant Freinet du Gard et  écrivain occitan

Notice

  • auteur de la BT 510: Voyage aux USA
  • Délégué départemental du Gard
  • Ecrivain occitan auteur entre autres  de Célestin Freinet, pedagog d'occitania Ed viure a l'escola
  • site wikipedia :https://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Gros
  • Une calandreta porte son nom : Ecole Jorgi Gros, sur les hauteurs de Nîmes
  • photo d'identité de  Georges Souche

Article du site de l'Université Paul Valéry de Montpellier, 1000 ans de littérature d'Oc

Né à Nîmes en 1922 dans une famille ouvrière, Georges Gros, instituteur adepte des techniques Freinet (dont il était un ami personnel), n’a cessé toute sa vie de pratiquer le conte. Son enfance a été nourrie d’occitan, langue pratiquée en famille et dans le voisinage, mais aussi langue littéraire d’Antoine Bigot, dont beaucoup de Nîmois aimaient à réciter les fables.

L’essentiel de sa vie s’est passée dans le Gard, à Nîmes notamment, mais l’Auvergne, pays de son épouse, est aussi présente, en particulier dans le roman paru récemment, Lei bugadièras blavas. Plusieurs séjours en Afrique (comme formateur d’enseignants), en compagnie de son cher ami Aimé Serre (auteur du roman d’inspiration autobiographique Bogres d’ases), lui ont inspiré le roman Lo Batèu de pèira,  qui joue entre l’Afrique et Nîmes, lieu de départ et lieu de retour. Le bateau de pierre, c’était, dans l’imagination de l’enfant, le nom qu’il donnait à l’immeuble qu’il habitait boulevard Jean-Jaurès, semblable à la proue d’un navire. Au fil de l’œuvre, le monde est convoqué, dans son histoire comme dans son actualité, des résistants de « L’Affiche rouge » à ce jeune Palestinien, surpris malgré lui en pleine Intifada et protégé par un artisan… juif. Beau conte de Noël, qui n’ignore pas, cependant, l’épaisseur du réel. Quant au roman Ieu, Bancèl, c’est sur plusieurs moments d’histoire qu’il joue, à travers l’évocation des Camisards ou celle du communard Louis Rossel dont le deuxième personnage du roman, l’officier Le Hir, objecteur de conscience des années 80, croise le destin.

Gros
Georges et Yvette Gros devant leur maison d’Auvergne. Photo MJ Verny.

 

Si l’œuvre s’organise principalement autour de la ville de Nîmes et des garrigues environnantes, c’est une ville ouverte qu’elle donne à voir, à l’image de cette « Placeta », minuscule place populaire d’où s’échappent sept rues. Georges Gros réinvestit les lieux de tout un imaginaire issu de la tradition orale. À ces mythes traditionnels organisés autour de personnages comme la Romèca, qui hantait les puits des maisons, il associe la vie quotidienne de la ville, celle de son enfance dans des quartiers populaires, et la cité d’aujourd’hui, toute pétrie d’occitanité à travers ses toponymes, du Chemin des Anticailles à celui de Camplanier.

Ses contes – dont une grande partie est encore inédite – sont peuplés de figures croisées dans une vie d’observateur aigu et empathique des choses comme des êtres, souvent observés par lo Jorgeon, le petit Georges, figure de l’auteur enfant, qui parcourt en liberté les rues de sa ville. Humbles vendeurs d’herbes sauvages, lavandières, enfants facétieux, marginaux souffre-douleur, gitans plus ou moins sédentarisés… l’œuvre abonde de ces figures dessinées en quelques traits expressifs.

Certains contes, expérimentés par le pédagogue, sont destinés aux enfants, mais beaucoup supposent un public adulte. L’auteur en a d’ailleurs établi un répertoire raisonné et les signale comme « philosophiques », « sociologiques », ou encore « satiriques ». Ce répertoire raisonné témoigne de la pratique d’écriture consciente qui est la sienne.

C’est certainement la conjugaison entre l’humour, la spontanéité et l’humanité du conteur-pédagogue, son écoute du monde et des gens (l’occitan a un seul mot pour dire ces deux réalités : lo mond), sa maîtrise d’une langue riche, juste et variée dans ses tonalités, et la science critique de l’érudit, qui expliquent la qualité de cette œuvre.

Florian Vernet, autre pédagogue écrivain, concluait ainsi sa préface aux Contes de las garrigas nautas : « Ces trois contes, comme tous ceux qu’il a écrits au cours de sa vie valent aussi pour la langue, cet occitan de Provence si fluide, si élégant, si classique. Un des miracles des contes réussis, c’est ainsi de rendre accessible et sensible à tous la diversité, la beauté parfois tragique et la vertigineuse complexité du monde. »