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Cahiers de roulement des Côtes du Nord

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Cahiers de roulement des Côtes du nord

 

Qu’est-ce qu’un cahier de roulement ?

Un cahier de roulement est un cahier dont s’empare un petit groupe d’enseignants, où chacun écrit son expérience, sa pensée sur un thème décidé par le groupe. Une contrainte impérative : chaque camarade ne peut le garder que deux ou trois jours maximum. Puis, comme son nom l’indique, le cahier « roule » de l’un à l’autre, chacun y allant de ses commentaires et de ses questionnements sur l’expérience ou la pensée des autres, mais aussi sur sa propre pensée et expérience.

 

Qui participe à un cahier de roulement ?

Un groupe d’enseignants entre lesquels règne une entente, une volonté de travailler ensemble dans le même objectif, décide à moment donné, d’échanger sur leurs représentations en pédagogie à partir d’un thème décidé en commun.

Dans l’espèce, ce sont essentiellement des enseignants Freinet des Côtes du Nord.

Le premier cahier qui portait sur l’organisation générale de la classe et les difficultés de mise en place des techniques Freinet au sein de celle-ci, comptait une quinzaine d’enseignants.

Le deuxième cahier de roulement qui traitait plus du calcul vivant et de la méthode naturelle rassemblait 7 enseignants.

Dans le Mouvement Freinet, de nombreux cahiers de roulement ont circulé de cette façon jusqu’au passage au numérique. Ce qui ne signifie pas qu’ils aient complètement disparu.

 

Pourquoi un cahier de roulement ?

L’objectif du cahier de roulement est de créer une dynamique de pensée, afin qu’elle chemine, se transforme et progresse au fil des échanges et du mutuel questionnement. Dans le livre qui vous est présenté, on peut ressentir la volonté des participants d’analyser leur pratique afin de l’améliorer dans le sens d’une augmentation, d’un élargissement de leur liberté par rapport à la réalité extérieure dont les programmes, mais aussi de leur propre liberté de pensée.

 

Comment se présente un cahier de roulement ?

Un cahier de roulement se présente sous la forme de pages divisées en deux colonnes dont l’une est destinée à l’exposé du travail expérience questions de chaque participant, et l’autre aux commentaires de ceux qui le reçoivent. Il y a toujours la possibilité d’agrafer des feuilles et même des petits livrets (récits d’expériences) sur les pages. À noter que les cahiers de roulement présentés ici témoignent de la difficulté de ses auteurs à entrer dans la forme proposée. En effet, si au début du cahier la forme est respectée, la présentation devient vite chaotique. Mais... n’est-ce pas naturel que la complexité de la vie finisse par l’emporter sur un cadre probablement trop contraint pour la contenir ?

 

Combien de temps circule un cahier de roulement ?

Il n’y a pas de règle à ce niveau. Le cahier roule autant que ses participants en ressentent le besoin. Dans l’espèce qui nous intéresse, les cahiers ont roulé de décembre 1958 à avril 1961.

 

Ce que j’ai ressenti à la lecture et la mise en forme des cahiers de roulement qui vous sont présentés

J’ai reçu ces cahiers de Rosine Le Bohec, fille de Paul Le Bohec qui les a retrouvés dans les nombreux écrits qu’il a produit. Pendant vingt ans de ma carrière, ma pratique a été fort inspirée de celle de Paul Le Bohec surtout en mathématique. C’est donc à propos du deuxième cahier de roulement que je souhaite m’exprimer, c’est à dire sur celui qui porte sur le calcul vivant et le problème que cela a posé aux enseignants.

La question qui était la leur : comment passer du calcul  vivant à la méthode naturelle de mathématique, d’une expression de groupe s’apparentant aux situations-problèmes des livres de mathématiques à une expression libre et collective en calcul, mais aussi à de la création et à l’abstraction en mathématique ?

C’est cette évolution que j’ai ressentie tout au long de la lecture que j’ai pu faire à la lecture de ce document. J’ai été d’autant plus sensible à la maturation de la pensée émergeant du groupe que je connaissais son aboutissement, Paul Le Bohec m’ayant accompagnée après tout ce travail. C’est donc avec beaucoup d’émotion, qu’à travers cette lecture, j’ai pu suivre le cheminement de sa pensée mathématique qui est issue d’un travail collectif, où chaque participant avait implicitement intégré qu’il n’était possible que s’ils étaient dans l’écoute de l’autre, de sa critique positive.

Monique Quertier