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Vers un échange régulier d'imprimés

 

Vers un échange régulier d'imprimés

Célestin Freinet, un éducateur pour notre temps

Michel Barré

 

Dans son livre L'imprimerie à l'école, Freinet retrace (p. 16) le cheminement exact : Nous avons fait mieux en 1925-26. Non seulement les enfants mieux entraînés composent très aisément des textes plus longs, mais surtout nous avons organisé l'échange régulier de nos imprimés avec une classe de Villeurbanne. Toutes sortes de contretemps, surtout administratifs, ont empêché notre expérience d'avoir son plein effet. Telle qu'elle est, elle ne manque pourtant pas d'être très encourageante. (...) Le total de nos deux livres de vie forme un ensemble de 3000 lignes, correspondant à un gros livre de lecture de 150 pages.

Plus loin (p. 26), il en dit davantage sur cet échange entre sa classe (25 garçons de 5 à 9 ans: section enfantine, CP, CE) et celle de Villeurbanne (un CE plus avancé de 30 élèves, dans une école à 10 classes) : L'annonce de cet échange avait suscité dans ma classe une joie et une curiosité étranges. Et, lorsque les premiers imprimés sont arrivés, il aurait fallu voir avec quelle avidité les élèves lisaient la pensée de leurs camarades de Villeurbanne! Que de réflexions! Que d'interrrogations! Quand, plus tard, de jolis dessins d'élèves, signés, accompagnaient les textes, quel bonheur! Et comme on suivait attentivement la vie des Antonini, des Varloud, etc. (il s'agit, on le devine, d'enfants de Villeurbanne). Même enthousiasme, paraît-il, dans la classe de Villeurbanne. "Comme mes élèves sont contents, m'écrivait l'instituteur, lorsqu'ils voient votre enveloppe d'imprimés sortir de la boîte aux lettres!". Hélas! Au moment le plus passionnant, brusquement, la classe de Villeurbanne a cessé ses envois. Notre camarade Durand, qui venait d'être nommé Professeur de Gymnastique, quittait son poste en novembre, et, jusqu'en février, la classe devait vivoter sans titulaire, les enfants dispersés, l'imprimerie désormais inactive. Malgré ce long arrêt, malgré le nouvel apprentissage qu'ont dû faire et les élèves et leur maître, M. Primas, l'enthousiasme n'a pas cessé. Notre expérience a triomphé de toutes ces difficultés administratives, et, depuis février, l'échange régulier a repris, à la grande joie des deux classes.