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Journalier - 1849-1918

Publication

Journalier en complément du livre  Freinet - Le bon sens (1849-1918)

   Il ne s'agit pas d'établir une chronologie retraçant environ un siècle de l'histoire de la France mais de tenter de définir l'environnement qui a été celui de Freinet et avec lui d'Élise ensuite après leur mariage. Je me suis penché sur leur bibliothèque, sur leurs centres d'intérêt. Je me suis demandé comment les journaux de la région niçoise relatent des événements nationaux ou internationaux, quels sont leurs centres d'intérêt quand se préparent les guerres et durant les conflits.

   Ce tableau complète le livre et peut permettre au personnes qui seraient déroutées par le traitement thématique, de pouvoir replacer les événements décrits dans leur chronologie tout en complétant les données.

Cotes

Résumés

Dates

Ils ont pu le lire

Ils ont écrit

AD06-161J... Lecture – Comtesse de Remuzat (bibliothèque de Freinet - AD06) 1849 Essai sur l'éducation des femmes – ed Charpentier. Fait un historique précis de la place que la société accorde aux femmes. « Disons-le sans crainte, la révolution a eu sa morale, car elle a remis en valeur les idées sérieuses, et c'est aussi un genre de restauration qu'il ne faut pas dédaigner. La raison des femmes y a gagné, il serait trop pénible de la voir retomber encore. (…) Aujourd'hui une route droite et paisible est offerte aux femmes : franchement, le passé les a trop souvent compromises pour qu'elles s’obstinent à le regretter »  
  Rattachement de Nice à la France. 1860 Diversement vécu, mais le milieu rural totalement délaissé par Le Piémont Sardaigne a espoir que la France fera quelque chose.  
  Garibaldi indépendantiste niçois 14/04/1860 Pais Nissart - cite Garibaldi citoyen d'honneur de San Remo : « Très estimé Syndic ; j’accepte avec gratitude la citoyenneté d’honneur dont m’ont honoré les citoyens de San-Remo… Je n’entends pas pour autant cesser d’être citoyen de Nice. Je ne reconnais à aucun pouvoir sur terre d’aliéner la nationalité d’un peuple indépendant et je proteste contre la violence faite à Nice avec la corruption et la force brutale en me réservant pour moi et mes concitoyens le droit de revendiquer mon pays natal pour que le droit des gens ne soit pas une vaine parole. § En tant que citoyen de San Remo je présenterai certainement à l’Europe la juste protestation de ma cité adoptive. Avec affection et reconnaissance G. Garibaldi. »  
  Chute de l'Empire en France 04/09/1870 Garibaldi lève un corps de volontaires pour aller au secours de la République. A Dole il prend le commandement de l'armée des Vosges.  
  Garibaldi - Nice européenne 21/10/1870 Pais NizzartGaribaldi déclare à Dole : «  La cause de la France précipitée dans le malheur par un vil despote est une cause sacrée à l’humanité toute entière. Vous connaissez mes principes et vous savez aussi ce que je pense de mon pays natal, mais je ne veux en aucune façon nuire à la République française. » Il précisera le 6 novembre qu'il ne combat « pas uniquement pour la république française, mais pour une république européenne qui réserverait à Nice indépendante un sort particulier. Puis, « Union complète des nations libres basée sur un pacte social dont le premier article serait l’impossibilité de la guerre ; Nice deviendrait capitale de cette union européenne » et ajouta « la position géographique de notre cité, son climat incomparable et les avantages de toutes sortes qu’elle présente me poussent à ce choix plus qu'un orgueil de clocher. »  
  La guerre 04/09/1870 Garibaldi lève un corps de volontaires pour aller au secours de la République. A Dole il prend le commandement de l'armée des Vosges.  
  Garibaldi républicain 21/10/1870 Pais Nizzart Garibaldi déclare à Dole : «  La cause de la France précipitée dans le malheur par un vil despote est une cause sacrée à l’humanité toute entière. Vous connaissez mes principes et vous savez aussi ce que je pense de mon pays natal, mais je ne veux en aucune façon nuire à la République française. » Il précisera le 6 novembre qu'il ne combat « pas uniquement pour la république française, mais pour une république européenne qui réserverait à Nice indépendante un sort particulier. Puis, « Union complète des nations libres basée sur un pacte social dont le premier article serait l’impossibilité de la guerre ; Nice deviendrait capitale de cette union européenne » et ajouta « la position géographique de notre cité, son climat incomparable et les avantages de toutes sortes qu’elle présente me poussent à ce choix plus qu'un orgueil de clocher. »  
  Garibaldi député 08/02/1871 Pais Nissart – Garibaldi reconnu dans plusieurs villes de France est élu député à Nice. S'ensuit une émeute, le préfet ne pouvant accepter le vote séparatiste.  
  Garibaldi indépendantiste 02/05/1871 Selon Pais Nissart, alors qu'il se bat pour la République française. Garibaldi déclare en 1871 (date inconnue) : « Je ne combats pas uniquement pour la république française, mais pour une république européenne qui réserverait à Nice indépendante un sort particulier » puis le 2/5/1871 : « Union complète des nations libres basée sur un pacte social dont le premier article serait l’impossibilité de la guerre ; Nice deviendrait capitale de cette union européenne ; la position géographique de notre cité, son climat incomparable et les avantages de toutes sortes qu’elle présente me poussent à ce choix, plus qu’un orgueil de clocher. »  
  Garibaldi démissionne - Victor Hugo 1878 « Faisons bien comprendre aux autres peuples que nous n'aimons tant notre patrie, et d'un amour si ardent et parfois si jaloux, que parce qu'elle est le meilleur instrument que la civilisation ait jamais eu pour le progrès général et l'avancement de l'esprit humain. » Discours et plaidoyers choisis de Léon Gambetta par M. Joseph Reinach, G. Charpentier et Cie, 1888 (p.137)  
  Gambetta - écoles 18/09/1878 « Il faut modifier les méthodes barbares qu'on suit encore dans les écoles primaires (…) Et je parle pour les deux sexes, car je ne distingue pas entre l'homme et la femme. Ce sont deux agents dont l'entente est absolument nécessaire dans la société, et, loin de les séparer et de leur donner une éducation différente, donnez-leur les mêmes principes, les mêmes idées, commencez par unir les esprits si vous voulez rapprocher les cœurs. (…) Je voudrais qu'au-dessus de l'enseignement primaire et avant d'arriver à l'enseignement secondaire, il y eût des écoles professionnelles... ce seraient des écoles de métiers... dans lesquelles on donnerait à la fois l'éducation de l'esprit et de la main... » Discours et plaidoyers choisis de Léon Gambetta par M. Joseph Reinach, G. Charpentier et Cie, 1888 (p.137)  
  Syndicats – grèves – Le tourisme attire une forte immigration pour construire palais et hôtels mais provoque un fort taux de chômage saisonnier 1880 Grève des terrassiers. Sont syndiqués également les peintres en bâtiment, ouvriers boulangers, tonneliers, typographes, employés de l’hôtellerie Jerôme* p17.  
  Petit Niçois de gauche 02/09/1881 Éditorial - « … Le Petit Niçois, dévoué aux intérêts de la classe ouvrière, sera touhours heureux de recevoir tous les renseignements, tous les avis de ses lecteurs. § Parmi les solutions pratiques que nous préconisons pour arriver à l'amélioration de la situation des ouvriers, il y en a une sur laquelle nous reviendrons, et qui peut donner d'excelllents résultats. Nous voulons parler de la coopétation ? (…) avec de très petites cotisations on peut arriver à ce merveilleux résultats. »  
  syndicats et grèves anarchisme (Ravachol) 1883-1904 l 'école vers 1880. La loi Jules Ferry a pour but principal rappelle-t-on dans le sud, de faire des paysans de bons ouvriers, moralement bien éduqués. Les maîtres ne doivent donc pas faire de politique. La Commune est passée inaperçue à Nice, qui s'interroge encore sur son rattachement à la France. Avec Garibaldi la première revendication niçoise reste la République. Montée en puissance des libertaires dès 1900, disciples de Sébastien Faure qui fera des conférences à Nice entre 1897 et 1903. Après Ravachol et Émile Henry à Paris, on commence une chasse aux anarchistes que les préfets commencent à faire surveiller. Les anarchistes rejoignant les socialistes on ferme les carnets B en 1903 pour les rouvrir en 1917. 1904 grève dure des traminots qui accusent la police de collusion avec l'entreprise à Nice : tramways renversés, arrestations arbitraires engendrant l'émeute. Philippe Jérôme, Une histoire populaire de la Côte d'Azur, 1860-1914, Les Amis de la Liberté, 2010.  
  Italie - accord international contre les anarchistes 04/10/1900 Le Petit Niçois se réjouit de cet accord - « Cette proposition a été bien accueillie partout (…) Plusieurs des auteurs des plus effroyables crimes anarchistes commis pendant les dernières années, en France, en Espagne, en Suisse ont eu pour auteurs des assassins venus d'au-delà des Alpes, et on ne peut pas dire que ce fait soit un simple effet du hasard. (…) l'extrême facilité avec laquelle la partie la plus agitée et la plus pauvre de la population italienne abandonne la péninsule pour aller chercher du travail dans d'autres pays. » C'est parmi eux que les révolutionnaires vont recruter.  
  Anniversaire de la mort de Garibaldi 02/06/1900 Le Petit Niçois - « Point n'est besoin de rappeler ici, à l'occasion de cet anniversaire, la carrière glorieuse du héros. Toutes les phases en sont connues de tous et le seul nom de Garibaldi évoque l'épopée grandiose des gestes de sa vie. C'est un sentiment de respect admiratif et reconnaissant qui détermine le souvenir de la grande figure du héros à qui Nice est fière d'évoir donné le jour. » (JR)  
  Russes en France 02/09/1900 Le Petit Niçois – Le voyage du tsar à Paris : les agents de la police russe se joignent aux policiers français pour surveiller les réfugiés russes en France. Dans le même journal il est fait état d'une conférence internationale qui crée une police spéciale pour combattre l'anarchisme à la suite de l'assassinat du roi Humbert et de l'attentat contre le Shah.  
  Capitaine Tarelli 07/09/1900 Hommage du Petit Niçois au garibaldien qui vient de décéder : « Un bon Garibaldien » - le capitaine Tarelli qui vit à Nice et a participé à la campagne de 1870-1871 aux côtés des Français.  
  Armée et cléricalisme 30/09/1902 edito dans Le Petit Niçois – « Vieux Bahut" - « … Le général du Barzail a parlé de crimes, d'abus de pouvoir, de coups de pioche sacrilèges destinés à battre en brèche nos institutions militaires et à nous livrer sans défense aux mains de l'étranger ! (…) Le grand malheur ! - La République aurait alors mis la main sur un ministre [le général André] vraiment républicain. (…) Il ne faut pas se dissimuler : Saint-Cyr est une école légèrement réactionnaire et clécico-fêtarde. De mon temps il était de bon ton de répandre sur le plancher le champagne offert par le premier Président de la République, M. Thiers. Les traditions se sont conservées – en s'accentuant : On fait aujourd'hui ostensiblemengt pipi contre l'immeuble de M. Loubet. Quel grand mal y aurait-il à faire comprendre à nos jeunes officiers qu'ils feraient mieux de mettre une sourdine à leurs intimes incontinences réactionnaires ?... Capitaine A. Verdier.  
  Livres – Tolstoï – coché (bibliothèque de Freinet – AD06) 1902 Carnet du soldat, Stock 1902 «...l'affirmation de chaque Église, qu'elle seule est la vraie et que les autres sont mensongères, est absolument de même importance que l'affirmation d'un homme qui dirait : « Je jure que j'ai raison et que tous ceux qui ne sont pas de mon avis ont tort » [...] et pour forcer les hommes à croire à ces allégations insensées et fantaisistes, il n'y a qu'un seul moyen : la violence. » (coché par Freinet).  
  Deux bourses du travail à Nice 1902-1906    
  Grave conflit des traminots 1904    
  Si l'ouvrage cité n'est lu par Freinet il en connait partie des effets par le programme ministériel du 18/09/20 – cf. ci-dessous. 1904-1905 Durkheim : L'évolution pédagogique en France (1938). Plusieurs constats qui intéresseront CF : L'enseignement des lettres domine l'université tant qu'on privilégie la bourgeoisie. L'école devrait allier le pédagogique et le social. Il insiste sur le fait que tout enseignant doit être formé à la sociologie.  
Mayenne Laïcité à Gars – religion 1905-ou 1906 Launay : Le maire, M. Ceccaldi apostrophe le curé en prêche depuis le fond de son église à Gars > gros scandale. Il est noté aussi qu'il fallait se signer devant toutes les croix du village et environs. Son père ne le faisait jamais.  
  Auguste Blanc du Collet, maire Républicain de Puget-Théniers 1904-1910    
  La discipline dans l'armée 07/10/1905 Le Petit Niçois : « Le Service intérieur des troupes – « Le Service intérieur des troupes" – "La discipline faisant la principale force des armées, il importe que le supérieur obtienne de ses subordonnés une obéissance entière et une soumission de tous les instants, que les ordres soient exécutés, littéralement, sans hésitation ni murmure... § Qui nous dit que la discipline est une force et que cette force est la principale ? Et d'abord qu'entend-on par discipline ? Il me semble qu'en tant que principale force des armées, le Règlement avait le devoir strict de bien en préciser le sens. Or, il néglige de le faire, et craignant sans doute de se compromettre, il nous donne à entendre qu'elle doit résider dans l'obéissance entière et la soumission de tous les instants..."  
  Crise de l'école 12/12/1905 Le Petit Niçois : « LA CRISE SCOLAIRE A NICE – Ce que les instituteurs pensent de la crise actuelle – Leur situation – Comment il leur est impossible d'exercer leur enseignement de façon efficace – Le matériel scolaire. § - Mon fils n'apprend rien, nous dit-on, il ne sait rien. Lorsque je le questionne sur ce qu'il fait à l'école, il me répond qu'on ne l'interroge jamais, qu'on ne s'occupe pas de lui, qu'il ne récite jamais ses leçons et qu'il suit la division là où on l'a placé sans que jamais l'instituteur ne s'intéresse à lui. § Nous avons demandé à quelques instituteurs ce qu'ils pensaient de ces critiques. Ils nous ont répondu en substance ceci : § Mettez le père de famille mécontent à notre place ; acculez-le au fond de la classe devant une série de bancs si pressés les uns contre les autres qu'il ne peut circuler dans la classe. Installez-le en présence de cent moutards que l'immobilité énerve, que l'air vicié surexcite et demandez-lui ce qu'il fera. § Nous divisons nos élèves par groupes. A la tête de chaque groupe, nous plaçons un moniteur, c'est-à-dire un élève plus âgé et plus instruit qui fait répéter la leçon aux plus jeunes. § Cette méthode mayenâgeuse est déplorable ; nous n'y pouvons rien. Il faut l'accepter par force. (…) Les instituteurs ne se plaignent pas de leur situation. § Ils en sont arrivés à Nice, en effet, qu'après de longs stages dans la montagne. § Pour être nommé au chef-lieu du département, il faut que l'instituteur ait donné des preuves indiscutables de sa valeur professionnelle. § Le merveilleux climat attire les instituteurs que l'on envoie dans les ingrates régions neigeuses de la montagne ».  
  Club de tir – compétitions hors temps scolaire 12/12/1905 Le Petit Niçois : « SPORTS – TIR – À L'UNION SCOLAIRE DE TIR DE NICE – Dans la séance de dimanche dernier les membres de l'union Scolaire effectuaient leurs tirs de classement. Malheureusement à cause de la pluie persistante, un grand nombre de tireurs manquaient. Une séance spéciale sera ouverte pour les absents.»  
  Révolution russe 1905-1906 Pas de jour sans que Le Petit Niçois ne donne des informations sur la Révolution russe. L'Affaire Dreyfus est également suivie de près.  
  Alfred Donadei Député "Gauche" républicaine à Puget-Théniers [succède à Alexandre Durandy, "gauche" radicale] 1906-1914 Une droite libérale qui ne dit pas tout à fait son nom, mais laïque.  
  Grèves dures et réprimées – appel à l'armée et révocations 1908-1910    
  Longue grève des postiers niçois 1909    
  Législatives – Grasse – Socialistes dreyfusards - circonscription Grasse-Nord = Gars et Puget-Théniers). 1906    
  Source perso Mm – lieutenant Merceron 1910 Lieutenant Merceron, Pour la Patrie par l'école, "trois conférences aux instituteurs", Berger-Levrault, 1910. Préface : « Si l'officier est l'éducateur de sa troupe, s'il doit élever bien haut l'esprit et le cœur de ses soldats, il importe qu'il puisse remplir sa mission, que ses paroles ne tombent pas dans des cerveaux vides ou réfractaires ; en d'autres termes, il faut que l'éducation militaire soit préparée par l’Éducation scolaire. » - « Le devoir militaire est ainsi, messieurs, la réunion de ces trois vertus à la fois civiques et guerrières : la discipline, le patriotisme, la volonté de vaincre, et vous devez comprendre maintenant, dans toute sa grandeur et dans toute son importance, le rôle social des éducateurs du peuple français, depuis l'instituteur de village, jusqu'aux professeurs de Faculté. Toute la jeunesse du pays passe entre vos mains, et à un âge où les impressions sont vivaces, où les souvenirs sont les plus durables » Des Allemands, Polonais, Irlandais, Macédoniens... « Ah ! nos philosophes à courte vue qui parlent à jet continu de désarmement, de fraternité, de paix universelle, feraient œuvre de vrais philanthropes s'ils s'employaient à l'émancipation de ces races sans foyers. »
161J0006 cochés dans bibliothèque de Freinet 1910 Ces passages sont cochés ou soulignés par CF qui achète le livre manifestement après guerre – Homme viril p7 – pacifisme p8 – guerre p167 Cf écrit « hélas » quand l'auteur constate que les jeunes Allemands n'ont jamais connu la guerre. - La Grande Illusion de Norman Angell (Hachette) p7« L'homme viril se demande s'il doit s'arrêter à l'argument du caractère » « inhumain » de la guerre. L'esprit de l'homme accepte la souffrance, la mort même, comme un risque que nous pouvons tous courir même dans la façon la plus bourgeoise de s'enrichir » - p8 « … ce que le pacifisme lui-même regarde comme possible, que la prospérité matérielle et tangible d'une nation puisse être augmentée par une guerre ; si, en d'autres termes la guerre peut jouer un rôle dans la protection des intérêts de l'humanité, le gouvernement d'un peuple courageux a le droit d'ignorer les souffrances et les sacrifices qui en peuvent résulter » - p9 « … il n'est pas sûr du tout que la lutte armée soit nécessairement la forme la plus dure ou la plus cruelle de ce combat qui existe dans tout l'univers. »
  Aristocrates français et étrangers à Nice 01/02/1910 Le Petit Niçois est friand de déplacements des militaires et des fêtes données par l'aristocratie russe, anglaise et même allemand. Le Petit Niçois : « Les petits parisiens à Nice » - Dans le même journal l'annonce du concert et du maraige de Bronislaw Huberman : « … qui nous fait part de son prochain mariage, nous dit combien il est heureux d'épouser une demi-française, lui qui a tant de sympathie pour la France... ». Appel pour accueillir des enfants victimes des inondations. - Un concertiste allemand à Nice.  
  Gaulois et Ligures 15/12/1910 Le Petit Niçois : « L'antiquité de la Race Ligure » - Louis Funel conclut son article  : « … J'aime à croire que le lecteur, d'après ce qui précède, pensera que nous avons le droit de nous glorifier d'être des descendants d'une des plus anciennes races de l'Europe, et que, dorénavant nos historiens peuvent en toute assurance débuter par ces mots : Autrefois la France fut la Grande Lugurie. » [et non pas la Gaule]  
  Allemands à Nice 09/01/1913 Le Petit Niçois : « Mrs Tew a donné, avant-hier, un très élégant Thé auquel assistaient : Mrs Hunter, Miss Pond, M et Mrs Engel, Mrs Kerr, Monsieur et Madame Van Alderwerolt, Dr et Mme Durandeau, Mr et Mrs Litteljohn, Mr et Mrs Reeves, M Worthingham, M et Mrs Ratherford, Miss Muller, Mr Holowelt, Mrs Slater, Mrs Burnett, Mrs Gardner, baronne... »  
  Anarchistes – deux sortes d'Allemands 07/05/1913 Le Petit Niçois : «Alfonse XIII en France. On a découvert un complot anarchiste à Montpellier (…) La police a arrêté, ce matin, à Bordeaux, deux anarchistes espagnols... » - « Les Allemands chez nous. Paris 6 mai. - Mardi dernier, la 9è chambre correctionnelle condamnait à deux mois de prison l'Allemand Karl Haag, qui insultait grossièrement les Français dans un café de la rue du Général Brunet... » - « La littérature du Kronprinz. Berlin 6 mai. - 1200 membres de la Ligue militaire, réunis en assemblée générale, à Ruppin, ont envouyé un télégramme au Kronprinz, lui exprimant la satisfaction que leur inspirée le nouveau livre « L'Allemagne en armes », dont le prince impérial a, comme on sait, écrit deux chapitres... »  
  L'Allemagne prépare la guerre... 07/05/1913 Le Petit Niçois : «L'ALERTE, par le Capitaine Danrit – chapitre IV. Derniers préparatifs. [L'Allemagne ne se contentera pas de l'Alsace-Lorraine] … En dépit des chauvines leçons de ses instituteurs, encerclant sur leurs cartes aux couleurs impériales, la Champagne et la Bourgogne. Ce qu'elle convoite aujourd'hui par une guerre heureuse, ce ne sont pas les provinces carolingiennes de Lorraine : son ambition est plus haute, car ses visées sont mondiales. § Elle veut, par delà des mers, la possession d'immenses contrées, sinon vierges, encore fécondes par leur jeunesse par les âges de la civilisation : des contrées où ses enfants seront chez eux, où ils pourront édifier une nation nouvelle, à l'ombre du pavillon impérial. § (…) Et, pour légitimer cette ambition, les docteurs allemands prêchent que c'est le droit naturel de tout peuple fort de remplacer un peuple faible, sur le sol qu'il est incapable d'utiliser pour lui-même... » [plus d'invitations pour des réceptions d'aristocrates étrangers dans ce numéro]  
  Tireurs scolaires médaillés 18/05/1913 Le Petit Niçois consacre une demi page aux champions de tir avec second un encart (premier le 16/05/13) pour un scolaire.  
  Manœuvres militaires 17/08/1913 Le Petit Niçois détaille les manoeuvres « Guerre et Marine » des unités de réserves qui ont eu lieu le 14 mai. Nice était concernée.  
  Petit NiçoisNapoléon – Leipzig 100 ans 13/10/1913 Le Petit Niçois consacre un article titré Le centenaire de Leipzig. […] L'allemagne célèbre aujourdj'ui le centenaire de la bataille de Leipzig : tout Berlin est pavoisé;à midi des salves d'artillerie annocent l'inauguration du monument colossal dressé sur le lieu de la bataille. Toute la haute société civile et militaire est présente sur les lieux, empereur compris.  … le roi de Saxe prit la parole. Après avoir déclaré que lemonument était un symbole del'unité et de la force allemandes, lesouverain a ajouté : « Pendant des centaines d'années, pendant des milliers d'années, cemonument rappellera auxgénérations futures qu'en cejour nous avons prié le Dieu tout puissant pour qu'il conserve la paix pou rle plus grand bien du peuple allemand, pou rle plus grand bien des États et des peuples. Dans le même journal, sur la même page : A chateaudun. Le 44e anniversaire de la défense. - Chateaudun, 18 octobre.- La ville de châteaudun a célévbré aujourd'hui en grande solennité le 43e anniversaire de la glorieuse défense de 1870... Voir le film de 1928 : CLIC
  Patriotisme Avant 14 Sourgentin spécial, "A la veille de la Grande Guerre", N°209 décembre 2013 > Le rattachement récent à la France et les naturalisations des Italiens (de Savoie ou Immigrés) font que se développe un patriotisme particulier à la région que les instituteurs sont invités à consolider. D'où la perte de la langue Nissart et un entraînement particulier du corps. La mobilisation est vécue comme « un sacrifice nécessaire ». Les Italiens d'origine sont facilement vécus comme engagés dans la triple alliance (Italie, Allemagne Autriche) alors qu'ils ont choisi la France. Déjà en 1910 le ministère de l'instruction publique prépare à la guerre et à Nice non seulement on renforce les exercices physiques, concours de gymn, compétition d'escrime, mais on apprend aussi le maniement des armes : avec des copies de fusils Lebel en primaire et des concours de tir dans les lycées y compris pour les filles. Mm : Aucune trace dans les écrits de la famille Freinet concernant le maniement des armes dans les différentes écoles suivies, ni de la moindre formation militaire en milieu scolaire.
  Allemands à Nice 1914 Compan* p. 405 : on compte 1400 Allemands à Nice au début de la guerre. Ils seront consignés de crainte de rencontrer des espions parmi eux.  
  Jean Ossola Rad-soc – député de Grasse 1 (Gars) 1914-1919 Gars a voté en majorité pour lui  
   Vive la guerre  ! 01/08/1914  Le petit niçois et l’Éclaireur titrent début août 1914 : « Vive la guerre !». L'année précédente le Petit Niçois soutenait le pacifisme de Jaurès empêché de parler à Nice.  
  Pacifistes libertaires – lendemain de l'assassinat de Jaurès 01/08/1914 La Guerre Sociale titre : « Défense nationale d'abord ! Ils ont assassiné Jaurès. Nous n'assassinerons pas la France » – Deux articles : « Vive Jaurès ! » et « La patrie en danger ».  
  Mobilisation : « allons y ! » - Les Italiens à nos côtés : important à Nice. 02/08/1914 Le Petit Niçois. Jean Moro : « Allons-y ! LA MOBILISATION GÉNÉRALE. … Messieurs les Prussiens ; tirez ! La riposte ne se fera pas attendre : elle sera fulgurante, meurtrière. (…) L’Allemagne veut la guerre. Soit. Elle en portera la responsabilité devant l'Histoire. Tous les pays civilisés savent d'où vient l'agression. » - « Braves gens !! Sept mille Italiens demandent à s'enrôler. »  
  Albert Morenas (par son fils François) 07/08/1914  « Décidément, nous allons faire de la guerre en fantaisie. (…) Le matériel sera en rapport avec l'enthousiasme des combattants. La victoire écrasante n'est qu'une question de temps. En Belgique les Prussiens ont été arrêtés et même repoussés !... Après la violation des neutres, il ne manquait plus à nos ennemis que cette dernière affaire... Les allemands (sic) sont irrémédiablement perdus.» (p.101s) Puis, sans date, quelques jours plus tad à Nice : « … Le régiment vous prend, vous absorbe au point de vous faire oublier la vie civile et vous transforme complètement votre état d'esprit. Ainsi nous avons vu transporter deux morts d'épuisement en route : ce serait un événement pour vous ; c'est un détail infime pour nous. » (p.103)  
   Racisme envers les "midis" 24/08/1914  Compan* p. 406 sq- « C'est le triste sénateur Gervais qui , dans un article publié par « Le Matin » du 24 août 1914 lança cette ignoble accusation contre les soldats du Midi » Les soldats du XVème corps qui auraient trahi la France en refusant le combat. Et il ajoute : « Dans cette lutte sans merci, ce sont les paysans qui, comme d'habitude, ont subi les plus lourdes pertes.Il suffit au touriste de compter les noms inscrits sur les stèles de nos villages pour s'en rendre compte. Si la montagne niçoise est devenue un désert humain, c'est que l'hémorragie mortelle de la guerre de 1914-18 a fauché tous les hommes jeunes et qu'ainsi, le dépopulation amorcée au milieu du XIXe siècle s'en est trouvée tragiquement précipitée. »  
   Albert Morenas (par son fils François)  18/08/1914  « Dans les meilleures conditions nous en aurons au moins pour quatre ou cinq mois... Ce serait une chance inespérée si nous pouvions être tous réunis pour la Noël (…) Le matin réveil à cinq heures... Il y a deux cent cinquante hommes dans la salle. Vous imaginez le remue-ménage qu'ils font depuis le petit jour car ces bougres de paysans ont l'habitude de se lever bon matin. » (p.104 sq).  
   Albert Morenas (par son fils François) 22/08/1914 Et François Morenas : « Dans le lot des lettres de Beaulieu, j'en ai trouvé une absolument effrayante qui dénote la mentalité de cette époque et dénonce à quel point le bourrage de crâne en était arrivé chez les combattants. Il était nécessaire d’entretenir la haine du boche et heureusement peut-être, cette haine leur tenait lieu de stimulant et leur maintenait le moral ! (…) Je n'ai pas honte de ce que mon père a écrit mais j'ai honte de cette époque et de cet état d'esprit que n'avaient heureusement pas les combattants de 39-40 .» Dans le carnet de son père, pas encore parti pour le front, après avoir exprimé l'envie de revoir son fils François : « Cette idée a toujours été, il faut le dire, la raison pour beaucoup de combattants, d'accepter cette guerre : pour que nos fils restent libres et ne voient jamais plus cela. Mais de là à incriminer le peuple allemand, les pères de familles mobilisés, obligés de se battre et de se faire tuer s'ils ne tuaient pas, c'est autre chose. (…) La graine d'allemands sera enfouie pour longtemps dans le sillon que nos frères sont en train de creuser. Nous y mettrons le vitriol de notre haine et de celle de toute l'Europe pour l'empêcher de pousser. Que Dieu ou le sort me préserve de prendre part à la besogne ! Mais si les circonstances tragiques que nous traversons me l'imposaient je n'hésiterais pas une seconde à détruire tout ce que je pourrais... même si un petit François d'outre-Rhin me souriait. C'est terrible ! Mais il faut avoir le courage de le faire.Le salut ne veut pas de miséricorde ! En ont-ils ? Non. Alors ! » (p.105 sq)  
    Socialisme international 07/08/1914 Le Petit Niçois - « LE MANIFESTE DE L'INTERNATIONALE – Socialistes français et belges. L'humanité publie le manifeste suivant : « Le document qu'on va lire ne date pas d’aujourd’hui ; il a été rédigé dans les premiers jours de la guerre, d'accord entre les sections socialistes belges et françaises de l’Internationale Ouvrière, afin d'exposer aux autres sections les raisons de l'attitude prise par les socialistes de ces deux pays. […] Si évident que nous apparaisse le bon droit des nations française et belge luttant pour leur existence contre l'agressons brutale de l'impérialisme allemand ; si certains que nous soyons, sections française et belge, d'avoir fait tout notre devoir contre la guerre et pour la paix, il porte que par un exposé rapide de l'internationale, la démonstration suivante soit faite en ce qui concerne la sections française. » Ils continuent à appeler à la paix mais devons nous défendre contre l'agresseur. Conclusion : «  Nous ne luttons pas contre le peuple allemand, dont nous respectons également l'autonomie et l'indépendance ; c'est avec la certitude de soutenir le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, queles socialistes français et belges subissent la dure nécessité de la guerre ; ils ont la certitude qu'une fois la vérité établie, ils seront approuvés et rejoints par les socialistes d'Allemagne. »  signé Jules Guesdes, Jean Longuet, Marcel Sembat, Ed ; Vaillant Ed Anseele, Louis Bertrand, Camille Huysman ; Émile Vandevelde  
  Albert Morenas (par son fils François) – spectacle de la guerre oct 1914 Des obus français sont tombés dans une tranchée allemande. On ne voit rien, seulement la fumée et le son : « C'était rigolo... et c'était bien l'impression de tous. Cependant il paraît que l'on a entendu des cris. Cris de peur ? Cris de souffrance ? Peut-être les deux à la fois. Mais a-t-on le temps et l'état d'esprit de s'apitoyer ? S'apitoyer sur un lapin ou un perdreau ? C'est la guerre comme c'est la chasse... » (p.122) Et deux pages plus loin pour la journée du 9 novembre : « Vivre endormi sous la fusillade aussi tranquillement qu'à un poste de chasse. Ce n'est rien de plus ni de moins qu'une grande chasse... » Deux jours plus tard après l'arrivée de renfort de toutes nations : « Tous décidés à forcer la bête dans ses retranchements. »  
  racisme contre les "midis" nov 1914 Le Petit Niçois - Dès novembre 1914 et pendant toute la durée de la guerre les « midis » subissent le racisme sur le front. On va jusqu'à refuser de soigner des blessés. Ils sont méditerranéens et politiquement « rouges ». Jérôme p. 40 sq. Apollinaire, incorporé à Nice sera appelé dans les tranchées « cointreau-whisky ». Dans le XVème corps des fusillés innocents réhabilités seulement en 1921 Jérôme p13.  
  Albert Morenas (par son fils François) 15/11/1914 « … Pour la France je suis tranquille.? Demain ce sera la pleine lumière de la victoire dont l'aube semble déjà se lever, radieuse ! » (p.126)  
  Albert Morenas (par son fils François) 27/11/1914 Quelques jours de repos à l'arrière : « Il faudrait faire passer toute la population, y compris les femmes, vingt-et-un jours dans les tranchées, pour faire apprécier tout le confort d'un bien être relatif. Tout le monde est heureux aujourd'hui dans la compagnie. Pour ma part, bien que j'ai supporté avec entrain la vie des tranchées, qui a son charme, avec ses péripéties, j'éprouve une joie enfantine à vous écrire sur une table de café avec du papier à lettres que je viens d'acheter en fumant un cigare. » (p.129)  
  Albert Morenas (par son fils François) déc 1914 « … On doit tout donner jusqu'au bout. Je ne voudrais pas retourner tant que ce ne sera pas fini. Il faut que tous nous fassions l'effort qu'on nous demande. C'est le devoir. Ici les époux, les pères de famille, plus bourgeois que soldats, ne tiennent pas tous mon raisonnement, mais la grande, l'immense majorité l'a compris. Tous les jeunes l'ont compirs et ils ont fait le tour de force de la Marne. Ils vont couper les fils de fer sous les mitrailleuses ! Parce qu'on leur demande et je ne crois pas pas qu'ils n'aiment pas leur famille. (…) J'ai parlé de nos souffrances. Elles ne sont pas héroïques, notre plus grand ennemi c'est le froid. » (p.133s)  
  Raoul Faure mobilisé. 15/12/1914 Faure : « J'ai été mobilisé le 15 décembre 1914. Le contingent parti de Grenoble arriva au 52e régiment d'Infanterie à Montélimar le soir même. Le lendemain une partie de nous fut expédiée à Dieulefit où je me trouvais avec Guiguichede Villars-de-Lans et Frier le métallo. Je fis mes classes sans problèmes... et je savais démonter une culasse de fusil et montrer « l'arrêtoir et tout du collier du tampon Masque » (quelle crasse). Je m'étais inscrit pour le concours des Élèves Officiers de Réserve. Le général Dalloz a refusé ma candidature. J'étais instituteur donc subversif. J'encaissais mal cet ostracisme. On s'aperçut un peu plus tard qu'on manquait d'artilleurs. On demande des volontaires. § Je suis volontaire – le sergent chef ne m'accepte pas pour l'artillerie de campagne – Alors je reste sur les rangs pour l'artillerie à pied... Il m'inscrit... » [il sera téléphoniste et fera un stage à fontainebleau pour devenir Aspirant, Sous-Lieutenant.] (…) « Qu'est- ce que j'en retiens ? Des visions dantesques d'Apocalypse, et surtout la frousse intense, la frousse qui fait serrer les fesses à ceux qui le peuvent, et déclenche de passagères et tragiques folies chez ceux qui ne le peuvent pas... et salissent leur caleçon. § Le courage n'est que physiologique. § On est, ou plutôt on naît, courageux ou lâche. Qu'y peut-on faire ? § J'obtins une croix de guerre étoile de bronze à l'ordre du régiment et une croix de guerre avec palmes à l'ordre de la IIIe Armée. (…) Pour moi, ma croix de guerre étoile de bronze a plus de valeur, si valeur il y a, que celle avec palme, car c'est à la suite d'une action en plein jour, sous un bombardement intensif que je réussis à maintenir mes liaisons. C'est le courage de celui qui maîtrise sa peur et stimule le courage de ceux qui travaillent avec lui. Mais établir, à pied, de liaisons de nuit du groupe infanterie, au groupe artillerie, puis reconnaissance faite revenir à son poste auprès du Colonel d'Infanterie, à travers l'inconnu, occupé peut-être par l'ennemi, que l'on ne voit pas, s'il est là, aussi silencieux que vous, peureux autant que vous, n'exige qu'un peu d'obstination et un sens de la direction. » [à noter que Raoul Faure, comme sa femme, se dira rapidement anarchiste – ils recueilleront Trotsky et Natacha chez eux , après avoir lu Souvarine]  
161J0008 Livres - Romain Rolland (bibliothèque de Freinet – AD06) 1915 Au-dessus de la mêlée éd Ollendorf 1915 - « Entre nos peuples d'occident, il n'y avait aucune raison de guerre. En dépit de ce que répète une presse envenimée par une minorité qui a son intérêt à entretenir ces haines, frères de France, frères d’Angleterre, frères d’Allemagne, ne nous haïssons pas. »reçoit immédiatement le prix Nobel, mais la Suède l'annule sous pression de la France.  
  Freinet est mobilisé 15/04/1915    
  Freinet à Saint-Cyr 15/8 à 27/12/1915    
  Alphonse de Chateaubriant 27/01/1915 A Romain Rolland - « Le fardeau de cette guerre inouïe, porté d'abord sans trop de défaillance, se fait de plus en plus lourd, de plus en plus écrasant. Chacun a conscience d'un état de choses d'où sont bannies toute raison et toute pitié et où il se doit considéré comme condamné à ne jamais revoir les siens. »  
  Albert Morenas (par son fils François) – ce n'est certes pas le propos ici, mais un tel texte mériterait une réelle analyse 26/10/1915 De Provins, en repos à l'arrière après une attaque : « Je suis actuellement le seul sergent du 118ème ici. Où sont passés mes camarades ? Selon toute vraisemblance, il n'y a qu'un autre sous-officier survivant : Chabert. Je crains que mon camarade Gilles qui n'a pas pu rejoindre l'ambulance et qu'on a dû transporter sur un brancard y soit resté. Sûrement ces détails vous font plus d'impression qu'à nous... qu'à moi. Nous somes arrivés à considérer cette véritable catastrophe comme un fait divers de la guerre . Pour la part, je n'ai conservé aucune impression de terreur ni d'appréhension pour l'avenir. Il y a surtout (Encore ! Heureusement !) un souvenir ému pour les excellents camarades de la popote, pour cette pauvre 5ème si éprouvée. Je conserve  par dessus tout la fierté d'avoir commandé ije section qui a tenu jusqu'au bout de souffle, qui n'a lâché le fusil que lorsqu'il s'est échappé des mains, et qui n'est partie que lorsque nous avons été relevés. [...] C'était un spectacle merveilleux de voir nos tirds de barrage. Il faut avoir vécu ces moments pour en connaître tout le tragique... et tout l'intérêt. [...] Malheureusement à cette fièvre vraiment grandiose a succédé un abattement lamentable... L'agonie... et alors ce fut la tristesse de voir expirer un à un les camarades. Si les boches avaient su ! Mais ils en avaient assez pour leur compte. Ils n'ont pas gagné un pouce de terrain et c'est le consolement de l'affaire... » (p.175 sq) [il apprendra que Gilles n'est pas mort]  
AD06-161J0064 Baptême du feu 02/01/1916    
AD06-161J0064 Carnet de Campagne 08/02/1916 Exposition 14-18 à Belfort : « En février 1916, sans doute dans le but d'opérer une diversion lors de l'offensive de Verdun, les Allemands installent à Zillisheim, à 34 km de Belfort, un canon de marine de calibre 380 mm, que les habitants du Territoire ne tardent pas à appeler « la grosse Bertha (…) Les premiers coups tombent le 8 février 1916 » Freinet parle des bombardements
AD06-161J0064 Carnet de Campagne 25/02/1916   « Longue attente à Besançon. Pas de train de jour pour Belfort à cause du bombardement. Neige abondante. Comme on s'habitue à tout, jamais je n'aurais cru de partir au front avec cette belle humeur et ce je je-m’en-foutisme.. L'habitude.»
  Kropotkine 28/02/2016   Publication du Manifeste des 16 - Kropotkine prend parti pour la France avec 16 libertaires – S'y opposent Alexandre Berkman et Sébastien Faure (venus précédemment à Nice) > Selon eux un anarchiste ne peut s'allier avec un État.
  Madeleine Vernet – anarcho-pacifisme Mars 1916   Poème aux mères afin qu'elles ne laissent pas les enfants jouer avec des armes.
AD06-161J0064 Carnet de Campagne 15/03/1916   «  Le printemps arrive. Fortes chaleurs depuis deux jours. Toujours le même travail plus ou moins intéressant. Je ne reçois toujours rien de Marie-Jeanne. Qu'arrive-t-il donc. Ce soir j'ai écrit à sa tante. Heureusement que le travail apporte une bonne diversion à tout ça et je ne peux guère y penser que le soir quand je suis seul dan ma chambre. Depuis trois jours aucune lettre de personne. Un détachement de la cl [classe] 16 est parti en renfort et on nous annonce que nous partirons tous de cette façon... 8 donc encore je ne sais pas comlbien encore à rester ici. J'attends le départ sans illusion mais sans inquiétude. L'inconnu hante un peu. Une nouvelle vie qui sera le commencement ou la fin de quelque chose... Il y a un an j'étais à Saint-Cézaire avec Marie-Jeanne. C'étaient déjà de jolies soirées passées ensemble qui avaient un charme.  » et il ajoute, immédiatement, ne cachant rien  : «  Dimanche j'ai essayé de chercher d'autres sensations dans Belfort. Mais ces sensations sensuelles ne produisent pas le même bonheur que celui d'être avec elle. Celles-là troublent le sommeil. Les anciennes me donnaient un someil léger et heureux. Le ciel me paraissait plus bleu. J'attends des lettres  »
AD06-161J0064 Carnet de Campagne 16/03/1916   « Aujourd'hui manœuvre du bataillon intéressante par l'idée mais maladroite pour l'exécution. Le Cl Garnier, chasseur grand et vaniteux tout à fait nul – engueulé tout le temps. Manœuvre comme un pied alors les punitions pleuvent.  »
AD06-161J0064 Carnet de Campagne 23/03/1916   “Si elle m'écrivait le soir, je passerai mon temps à lui écrire... chaque fois je me dis peut-être demain... On s'habitue à tout, mais on ne s'habitue pas à vivre seul sans recevoir de lettres”
AD06-161J0064 Carnet de Campagne 29/03/1916   «  Que c'est triste quand on n'a rien à faire de n'avoir rien à quoi rêver. Il y a un mois seulement j'entrevoyais le front au milieu des lettres et des paquets et maintenant désabusé je me résigne à ne penser à rien – affaire de charme – Écrire – et à qui parler de tout ce que je  voudrais dire. C'est loin d'être encourageant. Il y a un an c'était sans doute un mardi. Je sortais de ma classe. La séparation approchait. Je recevais une lettre m'annonçant que mon père allait arriver...  » et surgissent les souvenirs qui se terminent par «  … ma vie ne sera bientôt qu'une vie purement animale, sans amitiés ni douceur. »
AD06-161J0064 Carnet de Campagne 31/03/1916   «  (…) et puis au moment où je m'y attendais le moins, que j'étais en train de me plaindre à Giauffret de ce qu'elle ne m'écrivait plus je reçois une lettre de son père – lettre où on voit que son père «  tient  » sa fille et qu'il ne la donne pas à tout le monde. Ainsi donc elle est à Cannes sous prétexte qu'elle (se) fait soigner les dents. Je souhaite que ce soit vrai, mais depuis que j'ai vu des femmes se donner si facilement depuis la guerre, je me dis qu'elle doit avoir trouvé quelqu'un de gentil qui lui a parlé d'amour plus que moi. Peut-être un jeune officier qui sait. Peut-être quelqu'un qui non content de lui parler est allé plus loin parce qu'il aura eu plus de temps, parce qu'il l'aura moins respectée, moins aimée... et elle n'écrit plus. (…) Je ne veux pas qu'elle m'écrive parce que son père l'y a forcée. Je veux qu'elle revienne toute seule ou pas du tout.  »
AD06-161J0064 Carnet de Campagne – Épilogue romance après sept 18 08/04/1916   p. 15 rayée rageusement > déclaré copie d'un écrit du 8 avril 1916 à Belfort : « On ne savait rien dire de peur de troubler ces moments divins. Elle ramassa des violettes qu'elle mit sur son cœur. Je lui en pris quelques unes... Elle m'en donna une devant sa tante en me disant de la garder. Je la mis à la bouche comme autrefois. Et c'est la violette à la bouche que je l'embrassai. Cette violette mâchonnée tout le jour, elle reste encore dans mon portefeuille. » - « Elle voulait me faire coucher à S. le soir. Mais ma perm qui filait. Et puis il n'était pas convenable je crois d'y rester davantage. »
AD06-161J0064 Carnet de Campagne – Épilogue romance après sept 18 08/04/1916   p16 Arrive le train à la gare... « MJ disait : si au moins vous manquiez le train. Et ma foi j'en aurais peut-être pas été trop fâché... Le train est trop près... Il faut courir ».
AD06-161J0064 Carnet de Campagne 19/04/1916   « ça fait tout de même un drôle d'effet. N'être pas ennivré par le bruit du canon et la poudre. Et supporter le bombardement quand on sait qu'on nous tire dessus et rien que sur nous."
AD06-161J0064 Carnet de Campagne 20/04/1916   « Violent bombardement. Un obus sur le village. Des blessés. Travail de nuit. Pluie, vent et tout. »
AD06-161J0064 Carnet de Campagne 29/04/1916   Sous les bombardements dans la région de Belfort « Ah la triste chose que la guerre » - « Je commence à en avoir marre » Même jour après avoir parlé des mitrailleuses  : "Hier les paysans labouraient au bord de la route. Une bombe presque au bout du sillon. Le paysan qui était à l'autre bout  tourne comme d'habitude et continue. »
AD06-161J0064 Carnet de Campagne – Épilogue romance après sept 18 Mai 1916   p. 8 reprise mai 1916 : « Il y a trois mois je me disais que je n'en aimerais jamais d'autre. Maintenant je me dis que je (?) toutes ses belles lettres ses soi-disant preuves d'amitié. Elle m'a oublié comme ça en rien (?). C'est que c'est une femme comme les autres, une grue et désormais j'aimerai toutes les femmes mais je n'aimerai ??? trop que nous sommes de la chair à canon qui un jour au l'autre je me trouverai au milieu de la mitraille sans rien pouvoir ??? »
AD06-161J0064 Carnet de Campagne 01/05/16   «  Il est impossible tout de même qu'elle devienne une grue comme toutes celles de par là, ou bien alors ce serait le mal de la guerre  »
AD06-161J0064 Carnet de Campagne 12/05/16   «  vers 5 h une rafale de vent arrive. On la voyait venir de très loin, emmenant devant elle toute la  poussière des routes et des champs. Les saucisses [ballons de surveillance] françaises et boches, surprises, n'ont pas eu le temps de descendre. 2 français et un ou deux boches ont foutu le camp. Les observateurs n'ayant pu descendre en parachute. Tués. Ça faisait drôle de voir ce ballon où pendaient des cordages et des loques d'étoffes se ballader au gré du vent au milieu des nuages.  »
AD06-161J0064 Albert Morenas (par son fils François) 09/06/1916 « En attendant on tient magnifiquement à Verdun et ce n'est pas peu de chose. Nous avons eu des tuyaux par les régiments qui sont venus occuper le secteur et qui retournent de l'ENFER. On nous a raconté,le plus posément du monde, comme une manœuvre ou une partie de chasse, ce qui se passe là-bas. § Il  n'y a plus ni tranchées ni boyaux, ni de fils de fer... Plus que des trous d'obus dans lesquels on se tire sous un bombardement effrayant. Le jour on se tient couché avec la toile de tente sur le dos (couleur de terre) à cause des avions. La nuit on guette ! Il ne faut plus compter sur le ravitaillement la plupart du temps. On va chercher la soupe à huit kilomètres et presque personne n'en revient. Á tel point que le régiment que nous avons vu est resté dix jours dans cet enfer avec ses quatre jours de vivres de réserve. La fois où ils ont eu le plus de chance pour la soupe, ils sont partis quarante et ne sont revenus que dix-huit, de sorte que les derniers jours personne n'allait plus chercher à manger. § On reste tout le jour avec les morts (racontent-ils) et le soir on les balance sur la tranchée. Inutile de les enterrer, ce qui n'est d'ailleurs pas possible, car, plusieurs fois par jour, ils seraient déterrés par les obus. Toutes les corvées et les relèves passent par un ravin bien nommé, le Ravin de la Mort. Presque personne n'en sort vivant le jour. C'est effroyablement émouvant et cependant on tient, et  ceux qui nous racontent ça en parlent comme un bon ouvrier de son travail : nulle impression d'horreur, mais seulement l'immense satisfaction d'en être sorti et la joie de vivre après des secousses pareilles. Espérons que ça finira bientôt car ça ne peut pas durer. Il y a déjà plus de cent jours ! Alors qu'il semble qu'une pareille tension ne soit supportable que quelques heures. Mais je m'aperçois que j'ai pas mal bavardé (le mot est bien irrespectueux quand il s'agit de si grandes et si  formidables choses)... » (p. 203 sq).   
  Au. carte postale de Reims – Jeanne d'Arc 12/06/1916 Roger à « Ma petite Lotte chérie – Toujours pour mon adorable petite fée et pour bien lui prouver qu'il ne l'oublie pas son chevalier lui envoie avec ses innombrables fervents baisers tout son amour et toutes ses espérances. Roger § Malgré les obus qui sont tombés tout autour de la statue elle n'a reçu aucun éclat. On en vient à se demander quelle est la puissance mystérieuse qui l'a préservée. »  
AD06-161J0064 Carnet de Campagne – d'une écriture particulièrement posée 17/06/1916   « La vie ne change guère, on la passe à flemmarder. Je me dis qu'il faut en profiter car ça ne durera plus guère. Je m'aperçois que les soldats n'y restent plus guère au front. On m'écrit aujourd'hui que Joseph André est blessé. Augier n'écrit plus ! Mais c'est peut-être un peu tôt. Et puis toujours des morts. Le sous-lieutenant Dubois serait mort aussi. Quand je devais partir au 1er renfort nous étions allés ensemble dans la même auto. Et lui disait qu'il ne reviendrait pas !  Moi je ne sais pas, mais il me semble que je vais être blessé. Enfin, que la guerre finisse vite et qu'il y ait quelque chose. Quoique après tout, après la guerre la vie redeviendra monotone. Maintenant on ne pense pas à l'argent. On pense à rien. On renvoie tout pour après la guerre. La guerre excuse tout fait pardonner la pire des folies. Après la guerre il faudra de nouveau penser à l'argent. La vie ne sera plus réglée si automatiquement que maintenant. Mais ma Marie-Jeanne , il me semble toujours que je suis trop jeune pour me marier. Pourtant j'ai vingt ans et la guerre me vieillit. Je suis obligé de ne pas rire souvent quand j'en aurais envie. J'ai au moins 29 ans. Je ne sais pas comment m'aime MJ. Elle ne m'écrit pas souvent. Elle n'a pas pour moi ces petties attentions qu'on certaines personnes. Lettres courtes et banales tous les deux ou trois jours. Pourtant je sais que j'ai besoin de ça pour vivre, surtout pendant la guerre. Par moments je raisonne ma situation et j'en arrive à ça qu'il faut y aller carrément et gaiement. La peur ne sert à rien. Je n'aurai pas peur. »
  Canard Enchaîné guerre coloniale 05/07/1916 « La guerre coloniale – Dakar, 3 juillet – Les troupes anglaises du Haut-Oubangué ont occupé le Bas-Oubangué. § Aissar, 3 juillet 1916 – Les allemands du Bas-Oubangué occupent le Haut-Oubangué. »  
  Aud. carte postale de Reims bombardée 25/07/1916   Roger à « Ma petite Lotte chérie – J'accomplis en ce moment-ci un stage pour la signalisation optique avec avion. Vous écrirai une longue lettre demain/Mille bien gros baisers de votre grand Roger qui pense tout le temps à vous... »
AD06-161J0064 Carnet de Campagne 25/07/1916   «  toujours des tombes, toujours des bombes »
AD06-161J0064 Carnet de Campagne 29/07/1916   « Toujours la même vie dégoûtante. Toujours des tombes. Toujours des bombes... » CF tous s'ennuient et en arrivent à penser « qu'on finisse au moins de quelque façon ».
AD06-161J0064 Carnet de Campagne 02/08/1916   «  Merde pour les avions boches  »
AD06-161J0064 Carnet de Campagne 11/08/1916   Pour la St Sauveur « Ce qu'ils doivent avoir pensé à moi ce jour-là. Ma mère ça lui fait plus de deux ans qu'elle mène cette vie de martyre. Sûrement que cette fête elle l'a passée en prières... »
AD06-161J0064 Carnet de Campagne 12/08/1916   Départ annoncé. « … ce qui m'ennuie ce n'est  pas tant d'aller au feu. Je m'y ferai vite J'ai une grande facilité d'adaptation mais surtout de changer de sous off d’officier.. d'arriver parmi les poilus moi jeune blanc bec au fond. Ce sera dur à se maintenir. Après je me fais la promesse d'aller partout sans trembler. Si je meurs tant pis. Si je reviens tant mieux. Mais je voudrais bien que MJ m'écrive souvent. » - « Ah oui, si je meurs je n'aurai pas assez profité de la vie. Tant pis allons. »
AD06-161J0064 Carnet de Campagne – déni injuste 14/08/1916   «  Et encore on a oublié de désigner l'aspirant. Toujours la même chose dans le régiment. [...] Que vais-je devenir maintenant. D'un côté je l'attends avec impatience, comme au temps des examens, pour être plus vite débarrassé. Pour connaître on voudrait pénétrer son destin. (…) D'un côté on est un peu fier. Mais aussi. La consigne est de ne pas s'en faire. Et après tout tant pis si je meurs. Ah oui, si je meurs je n'aurai pas assez profité de la vie. Tant pis allons...  » Ajouté au bas de la page, Vendredi 16  [ss doute erreur de date] - «  … non je ne pars pas...  »
AD06-161J0064 Canard Enchaîné – article non censuré 06/09/1916 « LE HÉROS – Chaque soir sur le boulevard, à l'heure délicieuse de l'apéritif (pour les civils) et du sirop d'orgeat (pour les militaires), je rencontre mon brave ami l'Embusqué. § Mon brave ami l'Embusqué est un homme dans toute la force de l'âge et, ce qui ne gâte rien, un homme riche, extrêmement riche. (…) - ... je ne pouvais raisonnablement imaginer que je pourrais jamais me passer des innombrables services que me rendait (Baptiste, valet de chambre) ce domestique incomparable, lorsqu'éclata, comme un coup de foudre, au début du mois d'août 1914, cette horrible guerre, dont vous n'êtes certainement pas sans avoir entendu parler. § - Je fis volontiers ce sacrifice à la Patrie, continua-t-il, mais je vivais dans le doux espoir qu'une fois la guerre terminée, je récupérerais Baptiste. Hélas ! Depuis ce matin cet espoir ne m'est plus permis. § - Baptiste a été tué ? M'écriais-je avec toutes les marques de la compassion. »  
AD06-161J0064 Carnet de Campagne - Berry au Bac 09/09/1916 voir photo : http://19emeri.canalblog.com/archives/07__mai_a_septembre_1916___berry_au_bac___la_cote_108/index.h… « Nous sommes dans Berry au Bac tout détruit. Logé dans une école, assez bien ? Moi. Bien entendu c'est moche chaque jour pendant qu'on mange les obus font tomber la saleté dans la soupe. Le commandant me met pour remplacer l'officier observateur. Travail assez peinard mais après tout je m'en fiche. (…) Beaucoup de torpilles. C'est emmerdant mais qu'y faire ? » 
AD06-161J0064 Carnet de Campagne - Berry au Bac 13/09/1916   « Bien que c'est triste. Les obus les balles menacent à tout moment de vous tomber sur la gueule. J'ai un chic métier où je n'ai rien à faire ou presque. Je roupille bien et pourtant pour ma satisfaction personnelle je vais souvent faire le tour de mes postes. Il paraît qu'on doit encore rester là 7 ou 8 jours. C'est long. Le temps s'assombrit  de plus en plus vu qu'un jour ou l'autre il faudra ârtir en patrouille. Dire qu'il  faut tout faire et vivre comme un sauvage. »
AD06-161J0064 Carnet de Campagne 27/09/1916   « Ah la triste expérience. Moi qui aurais tant besoin d'être soutenu. Tout le monde me tape dessus. Les deux lieut' m’engueulent deux ou trois fois devant les hommes. J'aurai envie des les attraper Je me promets de ne plus rigoler avec eux. En ce moment je préférerai être dans un endroit où ça barde. J'en ai marre. »
AD06-161J0064 Carnet de Campagne -  Gaz 08/10/1916   « Toujours dans le même oc (?) Deux-territoriaux en 1è et 2è ligne qui sont là depuis longtemps. Qui ont peur des canons...un peu. Et peur des gaz... car en avril une attaque par émission de gaz a amené 6000 évacuations. Il y en a quelques milliers d'enterrés là en arrière près de Tillery (?) »
  Albert Morenas (par son fils François) 12/10/1916 « Nous sommes relevés ce soir pour aller au repos. Ça fera plaisir de voir un peu d'horizon, des arbres, de la verdure, des maisons et des gens. Toutes choses inconnues depuis douze jours. Aussi  je m'évade continuellement par la pensée vers St Just où il y a tout ce qui manque ici... et autre chose, c'est-à-dire l'affection et le but de la vie, le But de la vie... » (p. 211)  
AD06-161J0064 Carnet de Campagne – ne pas se méprendre sur le sens de notes abrégées 29/10/1916 cf. Vue de ceux qui pataugent dans la boue depuis la fenêtre de la cuisine à Gars Rentrant de stage  : «  Et dire qu'on s'y trouve si bien lorsqu'on voit la pluie dehors et des pauvres bougres qui pataugent dans la boue.  »
AD06-161J0064 Carnet de Campagne 01/11/1916   «  … Les off (?) ne peuvent plus me voir. Ils me prennent pour un froussard de l'ordre et pourtant je ferai bien comme les autres. Je ne peux plus les sentir. Ils m'espionnent. Ils ne me laissent pas passer la moindre chose sans m'engueuler. Il faudra que je leur passe ou que je crève. Il me semble que je vais devenir fou. Vieille saloperie. Je ne pleurerai pas, non. Des gus qui se couchent aux attaques et qui me disent que je suis indigne de mes galons. »
AD06-161J0064 Carnet de Campagne 03/11/1916   « … Le soir de la Toussaint comme repos, j'ai fait une patrouille. Je suis allé jusqu'à 7 ou 8m des Boches. On les entendait bien parler et marcher. Ca c'est fait sans incident mais j'ai été tout trempé de sueur et de pluie. Je me suis aperçu qu'il y en a qui sont plus froussards que moi. Hier soir on devait faire le coup demain sur ce petit poste. J'étais le directeur de l'expédition. On devait faire sauter le réseau ? Avec une tringle pétard. ça a été renvoyé mais ça se fera probablement ce soir. Même moi je m'en fais pas. On boit bien et on fout. ? La guerre. Maintenant plus rien à attendre de M J. »
  Aud. carte postale de « Fontaine du père Hilarion » 14/11/1916 Morenas passera au même endroit Roger à « Ma chère petite Lotte – La fontaine représentée se trouve dans le secteur que nous occupons. Cette maison servait d'habitation aux chasseurs forestiers du bois du Prêtre. Les boches l'ont tenue pendant un certain temps. En l'examinant vous verrez que les obus ne l'ont pas épargnée. Mille bien gros baisers de votre petit Roger. »
  Aud. carte postale de « Guerre 1914-1915 – Cimetière du Pétand » 16/11/1916 Roger à « Ma petite Lotte chérie – Le bois que vous voyez sur le verso de cette carte représente la lisière sud du Bois du Prêtre ; le cimetière est absolument militaire et est peuplé par les héros morts au champ d'honneur dans les environs : ils sont nombreux !  C'est à environ 200 m à l'ouest de ce champ que se trouve dans la direction de la flèche, la petite « cagna » qui m'abrite et dans laquelle je pense constamment à vous. Mille bien gros baisers de votre grand Roger. »  
  Aud. carte postale de Lunéville – il l'invite tous les jours à venir le rejoindre dans sa cagna depuis le 19/11 jusqu'au 25/11 23/11/1916 Roger à « Ma chère petite Lotte chérie – Savez-vous qu'il me tarde de recevoir votre visite, m'apportant votre réponse à ma lettre d'hier ? Allons, vite ! Entreprenez le voyage, et... ne soyez pas trop méchante !  Mille bien gros baisers de Votre petit Roger. »  
  Aud. carte postale de Nancy 27/11/1916 Roger à « Ma petite Lotte chérie – J'ai reçu aujourd'hui votre longue lettre du 22. J'y répondrai lorsque j'aurai reçu la réponse à celle que je vous ai expédiée moi aussi le 22. Mais j'ai le pressentiment que vous faites monter un nuage noir à l'horizon ! Et malgré tout je vous aime bien. Mille bien gros bisous de votre Roger qui vous adore. »  
AD06-161J0064 Carnet de Campagne - La dérision pour conjurer le sort 01/12/1916   «  … pendant qu'on mange les obus font tomber la saleté dans la soupe.  » «  Je suis dans la tranchée dans un trou sous le parapet. Un bon feu qui flambe. Ce soir on a fait la cuisine aux rats. On en attrape qui sont gros comme des lapins. Dans la cagna il y en a un qui vient renifler la bougie sur la table...  »
  Aud. carte postale de Nancy – Mausolée de Stanislas 02/12/1916 Roger à « Petite fée – Qu'avez-vous pensé de ma lettre ? Malgré tout je continuerai l'envoi des cartes que je vous ai destinées. Je pars demain matin, de bonne heure, pour suivre un cours de téléphonie militaire. Je n'aurai ma correspondance que dans huit jours. Votre chevalier qui pense toujours à sa petite fée. »  
AD06-161J0064 Carnet de Campagne – vie en tranchée 05/12/1916   «  Je suis plein de poux et des gros. Les rats mangent avec nous...  »
  Canard Enchaîné cite Simplicimus journal humoristique de Munich qui raille la presse française 13/125/1916 « Un jour sans viande, un jour sans graisse, un jour sans pain, c'est admirable... Mais puisqu'on veut réaliser de sérieuses économies, ne serait-il pas beaucoup plus efficace d'instituer tout de suite UN JOUR SANS GUERRE par semaine ? Les Français, suivant leurs habitudes, ne tarderaient pas à nous imiter. Et pour peu que le jour sans guerre des Français coïncide avec le nôtre, nous réaliserions une colossale économie de canons et de munitions, sans compter la satisfaction qu'apporterait à notre conscience, l'observation du repos dominical. » et le Canard d'ajouter : « La censure boche qui est bête comme tout, a interdit la publication de l'article. (…) Supposez que le jour sans guerre coïncide avec le jour sans viande, le jour sans théâtre et le jour sans pain... Tout le monde ce jour-là restera couché, isolément ou par paires... Repos et repopulation... » [allusion à M. Peyroux qui veut accorder la Légion d'honneur aux femmes qui ont plus de 12 enfants et qui partant repeuplent la France]»  
  Aud. carte postale « Croix des carmes – boyau de tranchée avec 25/12/1916 Roger à « Ma petite Lotte chérie – Cette croix représentée sur la carte postale a été transportée au cimetière de Pétant. La lutte a été chaude sur ce point : le terrain et les arbres vous en donnent une idée. Actuellement l'emblème du pardon abrite sois son ombre les corps des héros du Bois le Prêtre. Mille bien gros baisers. - Votre Roger »  
  Ai-je tué ? 25/12/1916 Cazals p. 103 – Jean Norton Cru : « L'immense majorité des combattants ne savent pas s'ils ont tué ou blessé quelqu'un : il sont lancé devant eux, en plein inconnu, un obus, une balle, ou même une grenade. L'adversaire que l'on cloue au sol d'un coup de pointe, c'est une exception tellement rare. »  
  Aud. carte postale « Bois le Prêtre » 30/12/1916 Roger à « Ma petite Lotte chérie –Cette carte vous donne un aperçu de l'aspect des bois. C'est dans ce paysage que sont nos tranchées. Mille bien gros baisers de votre petit Roger. »  
  L'affaire Brion – Pacifisme n'est pas défaitisme 1917 Madeleine Vernet « Oui, nous sommes pacifistes ; et si c’est un crime, qu’on nous mette tous sur le banc d’infamie, qu’on nous envoie tous au mur du supplice, qu’on nous fusille tous.  Notre sang rachètera peut-être l’autre, celui qui coule pour la guerre, et tu compteras ainsi, – ô Paix sacrée que nous aimons – ta part de martyrs au livre immortel de l’histoire. »  
  Aud. carte postale Reims après bombardement 07/01/1917 Roger à « Ma petite Lotte chérie – J'ai reçu hier vos gentilles violettes :  merci des innombrables baisers que leur aviez donnés pour moi ? J'espère bientôt vous en rendre le centuple si toutefois vous ne trouvez pas le chiffre trop élevé ! Mille baisers amoureux de votre Roger – Savez-vous que je trouve le temps long, maintenant ! »  
AD06-161J0064 Carnet de Campagne 29/01/1917   « Depuis longtemps je ne mets plus rien sur ce carnet. C'est que sans être des plus malheureux, je n'ai pas beaucoup de satisfactions et si je voulais me faire du mauvais sang je serais déjà mort.  »
  Aud. carte postale Château du Lot et Garonne 02/02/1917 Roger à « Ma petite Lotte chérie – Je viens de recevoir il y a quelques instants ta lettre du 29 janvier. J'y répondrai demain car je me propose de me lever de bonne heure pour aller à la chasse aux canards - qui pullulent – et je vais me coucher à l'instant. Il fait toujours bien froid. Que l'on serait bien à deux ! Ton petit Roger qui pense constamment et toujours à toi et qui te couvre d'amoureux baisers. »  
AD06-161J0064 Carnet de Campagne 15/02/1917   "– 6 jours de tranchée de faits. On me dit qu'il y en a encore 6. enfin ça fera un peu mieux sentir le bien-être de l'arrière. Avant-hier soir les Boches ont fait un coup de main pas loin de chez nous et on redoute toujours quelque chose pourtant que ça chie passablement. Les Boches envoient quantité de 210. C'est plus la vie et je languis que la relève arrive. Nuits blanches...  »
  Alphonse de Chateaubriant 17/02/1917 à son frère - « L'horrible tuerie où s'engloutit par morceaux la substance humaine est bien autre chose qu'un conflit entre deux armées. […] La société est menacée sans doute par obscur travail de destruction d'elle-même. […] Le cauchemar qui, de ses ténèbres, remplit l'air de la terre, n'aboutira pas à une vraie délivrance. »  
  Aud. carte postale « guerre de 1914-1915 » vue de Mousson 17/03/1917 Roger à « Ma chérie – Je suis fatigué :  depuis hier nous avons eu quelques émotions. Demain je tâcherai de trouver un instant dont je profiterai pour te faire une longue lettre dans laquelle je te raconterai les détails : ils t'intéresseront sûrement. Je te laisse pour aller me reposer et vais tâcher de m'endormir en reportant toute ma pensée sur mon adorable petite fée. Mille bien gros baisers de ton petit Roger. »  
  Carnet de Campagne 29/04/1917    Après le marmitage [marmites >projectiles allemands] « Ce matin il fait la plus admirable matinée que j'aie jamais vue. Une matinée qui invite à courir dans les champs à la recherche des violettes. Le n ??? et on attendra les obus. Vivement l'arrière. On arrive à se moquer de la mort. On la regarde venir en face (…) ...ils déchirent presque tout. Oh ces fantômes dans la plaine marmitée »  
AD06-161J0064 Carnet de Campagne 19/05/1917   « La colère me prend chaque fois que je pense à ceux qui sont heureux de recevoir une lettre de leur chérie, mais je ne suis plus trop jaloux. On écrit souvent beaucoup plus qu'on ne pense. La guerre rend fou. Pas de sens. » [ces deux dernières phrases ajoutées avec rage manifeste.]
AD06-161J0064 Carnet de Campagne 04/06/1917   « On est abrutis par les bombardements continuels. On ne fait plus attention aux éclats. On est des loques et on attend la permission. »
  Carnet de Campagne par Baloulette – formation aux armes 23/06/1917   « On vient de nous abrutir encore ce matin au maniement des armes. Hier soir comme on sortait de la caserne deux 380 sont tombés à 60m de nous. Nous aurions pu être nettoyés. Affolement de la population qui quitte aussitôt la ville. Quant à nous on est fait pour ça. »
AD06-161J0064 Carnet de Campagne – Épilogue après sept 18 03/07/1917   Reprise « Pendant ma permission une chose me tourmentait légèrement. Je craignais de ne plus retrouver le sergent Tournier avec qui j'étais très bien. Il a été blessé le soir de la relève et selon le dernier canard, il serait mort. »
  Carnet de Campagne par Baloulette – Injustice > Une analyse politique de la situation 10/07/1917   « La guerre devient dégoûtante à cause de la trop grande injustice. Celui qui peut se faire écrire par quelqu'un a tout ce qu'il veut. Il résulte de tout ça que tous ceux qui étaient bien de famille se sont cavalés et qu'il ne reste pour se battre, tant officiers que soldats, que ceux qui n'ont ni argent ni influence. Ce n'est plus la France qui se bat, c'est les cavés de la France, les purotains. Ceux-là seuls sont en danger. Qu'au début qq riches enflammés se soient fait tuer, mais maintenant ils ne risquent plus rien et c'est ceux-là qui font durer la guerre. »
AD06-161J0064 Carnet de Campagne – d'une écriture particulièrement posée 10/07/1917   «  Que le monde est égoïste. Le  ? Sait toujours faire tomber toutes les responsabilités sur son supérieur. C'est ce qui m'arrive aujourd'hui et qui me fait sauter ma nomination. C'est dégoûtant. Je suis plus dégoûté que jaloux...  » Puis « Notre  malheur à  nous, écrit-il page 73,, de prendre Gallieni et Joffre. Quant à tous les autres, la guerre n'est pour eux qu'une source de revenus et de discussions éternelles...  » Briand est traité de crapule.
  Canard Enchaîné et les profiteurs 11/07/1917 « Bénefs de Guerre – Notre grand Argentier, Joseph Thierry, se donne un tintouin de tous les diables pour inventer des impôts nouveaux. § Il a tellement besoin de galette ! Ah ! Dame, ça roule, ça file en ce moment, les picaillons ! § Mais, cher monsieur Thuierry, vous n'avez qu'à vous baisser pour en ramasser. § Que ne taxez-vous les bénéfices de guerre de nos bourreurs de crânes ?... § On trouve naturel d'imposer Renault, Citroën, Bréguet, Voisin qui fabriquent des obus et des aéros. Pourquoi donc Maurice Barrès, Frédéric Masson,le général Cherfils, le lieutenant colonel Rousset, le général Hervé, qui fabriquent, eux, des articles en série, ne cracheraient-ils pas au bassinet ? § Voulez-vous que je vous soumette un projet de loi, monsieur Thierry ? ... » Suit le projet.  
AD06-161J0064 Carnet de Campagne 04/08/1917   « Hier soir à 10h30 l'émission de gaz a commencé. Je ne sais pas encore au juste comment elle est effective... »
AD06-161J0064 Carnet de Campagne 16/08/1917    A partir de cette date, le Carnet est retourné et comporte de longs commentaires posés ( pourtant écrits souvent dans des trous de tranchées) portant sur sa philosophie de la vie le plus souvent en lien avec Marie-Jeanne fantasmée dans des souvenirs et qu'il essaie de rejeter.
  Alphonse de Chateaubriant 18/08/1917 À sa femme - « Tu me demandes de te donner des détails sur ma vie. Tu m'as déjà demandé cela souvent, et c'est en effet sur ce point que je me montre le plus avare dans mes lettres. La raison qui me retient, qui m'a toujours retenu de te faire des peintures aussi exactes que tu le désirais, est que l'essentiel m'étant interdit, c'est-à-dire, la note dominante, le reste, ce qui n'a de signification qu'en fonction de cette base, ne peut plus avoir d'intérêt. » Alors il parle de la boue, de la pluie, de l'aménagement intérieur de sa cagna : « nous avons une table et deux étagères. Beaucoup de souris, beaucoup de rats, et un amour de petit chat à qui les soldats, qui ont habité ici avant nous, ont coupé la queue. Tous les matins je me lève vers 6 heures et demi... » Sa journée , « inutile de te dire qu'elle se poursuit au milieu des détonations, des explosions, des coups de trompe, d'alarme, etc... mais ceci est le sujet auquel je n'aime pas toucher. Quand je serai au repos, je te le dirai. Quand je ne te dis rien, c'est que cela marche comme ça peut, avec un peu d'énervement toujours, et pas mal de calme malgré tout. Nous avons eu ces jours-ci de grosses pluie et de violents orages Nous étions inondés. »  
  Carnet de Campagne 23/08/1917   Sans doute est-elle partie en voyage, «  … je souhaite qu'elle revienne vite avec sa cousine inconnue pour laquelle j'ai une certaine sympathie avant de l'avoir vue. Je compare ce pressentiement à celui que j'avais avant que je vois MJ à St-Césaire. Je sentais que je la verrai un jour et qu'elle compterait dans ma vie. Il me semble qu'il en sera de même pour celle-là dont je ne sais pas encore seulement le nom. Je serai à Gars à la fin août pour y passer la premkière quinzaine de septembre. Jeudi. J'irai chez moi pour manger des fruits en pagaille.  »
  Carnet de Campagne – Gaz 24/08/1917   Les gaz dans la nuit à 10h30. « St quentin brûlait hier soir, mais je ne crois pas que les Boches se résignent et se débinent si tôt. »
AD06-161J0064 Carnet de Campagne  - date approximative, carnet inversé page 147 25/08/1917   « Voilà une chose que je ne devrais jamais mettre sur du papier. Il n'y a que Giauffet qui connaît ça. Mais il est vrai que j'ai mis tellement de choses sur ce carnet que personne, sauf Giauffret, ne connaît. J'ai pensé à ça ce matin en me réveillant. Ce n'est pas le meilleur de ma vie mais ça a été le meilleur de ma perm... » Louise lui fait jurer de ne pas parler à Giauffret de son flirt et « pourtant ça a été mon premier travail. »
AD06-161J0064 Carnet de Campagne – Épilogue romance FIN  (AD06) Écriture cette fois maîtrisée, calme 01/12/1917    Reprise « Mon roman est fini. Sa tante Mme Lyon qui était attachée à moi m'a écrit pour tout m'expliquer. Je n'étais pour elle qu'un petit caprice comme tant d'autres puisqu’elle a changé, puisque son père a refusé la demande en mariage d'un monsieur Russe. Maintenant Mme Lyon me dit que je n'aurais pas été heureux avec elle, que c'est une enfant et pas très débrouillarde. Eh bien moi je n'osai pas y penser avant mais je sentais que ce n'était pas sérieux que ce n'était pas définitif Même quand elle m'écrivait très souvent on sentait dans ses lettres qu'elle ne m'aimait pas bien. (…)  A ma permission je brûlerai ses lettres que j'avais gardées. Je garderai sa photo. Et puis ça s'éteindra peu à peu comme ça doit s’éteindre. Mon amour finit mais ma vie continue. § « Fait le 1 décembre 23h30 dans un trou d'une tranchée de l'Aisne. Berry au Bac.
AD06-161J0064 Carnet de Campagne – Épilogue romance après sept 18) 02/06/1918   Reprise : « Quand on a fait l'attaque j'avais une canne en serpent. Je la conservais comme une sorte de fétiche. Arrivé au Bois de Gernicourt j'avais levé une fois le bâton pour frapper un prisonnier. J'ai senti que c'était mal. Le bâton s'est abattu sans force et l'a juste effleuré. Quelques instants après je l'ai oublié dans quelque coin. Et je le cherchais des yeux quand j'ai été touché. »
AD06-161J0064 Carnet de Campagne 05/09/1917 Se méfier des interprétations hâtives. La graphie – ce que ne laissent pas apparaître les transcriptions tapuscrites - change et relie « messe ce matin » à la suite de la notation. Le discours est toujours haché, abrégé, sans doute interrompu, ce qui nous autorise à traduire : « j'en ai marre de cette guerre qui tue et en plus je n'ai même pas d'amour auquel me raccrocher. » Il reviendra sur cette mort et quelques autres ajoutées lors de son étape parisienne (12/09/17), au retour. Il note le 5 septembre (en perm depuis le 26 août)  : «  Rose est partie à Nice la veille de mon arrivée et elle arrive demain, veille de mon départ. On a beau dire, ce n'est pas de chance.  De mon régiment – Joseph André est mort à Craonne. Je suis allé à sa messe ce matin. J'en ai marre. Toujours parce qu'il n'y a plus d'amour dans le panier. »
AD06-161J0064 Carnet de Campagne – Épilogue romance après sept 18) 28/09/1918   « Il ne faut pas forcer son destin et il faut attendre Et pourtant. De quelle obscurité - quel vide. A quand un nouveau soleil. Chambéry le 28 sept 18 »
AD06-161J0064 Carnet de Campagne – Épilogue romance après sept 18) Sept 18   Des listes de noms avec parfois des adresses. Des noms rayés.
AD06-161J0064 Carnet de Campagne 05/10/1917   “... ce qui me fait de plus en plus en rogne c'est que voilà bientôt 2 ans que je suis aspirant que ça menace de m'y laisser encore longtemps alors que tout autour de moi nombre de mes subordonnés passent S/lieutenants. C'est triste....”
AD06-161J0064 Carnet de Campagne Touché 23/10/1917  

Rattrape le retard dans son carnet dû à des bombardements in cessants. « La relève a été abominable. On s'était trompés. De plus c'était l'enfer déchaîné. On ne s'entendait plus. On devait attaquer le lendemain 22, mais l'attaque a été retardée. Dans les journées du 21 et du 22 on regardait les Boches sauter de trou d'obus en trou d'obus pour essayer de rejoindre la première ligne. Ceux qui étaient en ligne se rendaient sous l'effet du bombardement. C'était l'enfer déchaîné. Ca fumait partout. On n'entendait plus. Dans la nuit du 22 et 23, notre artillerie a tiré trop court. Ce n'était d'abord que du 75 ou 105, une torpille. La dernière nuit ça a été les 155. C'était formidable comme préparation. Le 22 au matin la Scr a fait un coup de main et a ramassé les boches. »

Extrait : récit de sa blessure. « par le milieu du dos, le sang gicle »

AD06-161J0064 Carnet de Campagne –L'attaque 23/10/1917   « L'attaque a été le 23 à 5h15 on ne s'attendait pas à attaquer si tôt. Les dernières minutes ça tirait un peu de partout. Je suis sorti assez naturellement. Pas une minute je n'ai été gris. Pourtant c'était la pagaille la plus terrible. J'avais que la moitié de ma section. Il n'y avait aucune règle ? de fournie. Il y avait des trous formidables. On ne reconnaissait aucune tranchée. La route Paris-Maubeuge était à peine visible. Enfin on arrive à la lisière sud du ravin Où je devais me placer avec ma section. Une tranchée boche n'était qu'à moitié démolie. Du ravin des boches prisonniers montaient. Et moi,  peut-être imprudent, me promenais debout à ? Et nos 155 tapaient toujours en pluie sur nous. On voyait dans  la fumée noire je voyais ou blancs étendus foutre le camp ? A un moment donné comme je venais de donner un UB ? pour allonger le tir je sens un formidable coup de fouet dans les reins. Je n'ai pas voulu crier tout de suite... »
  Caricature du Canard enchaîné 13/02/1918 Discussion entre deux poilus : "la fin de la guerre ! J'y ai cru au commencement" canard_13_2_18_paix.jpg
  Aud. carte postale Château de Pierrefonds 26/03/1918 Roger à « Ma petite Lolotte – Nous continuons nos marches vers le sud, pendant que d'autres bien moins favorisés les ofnt vers le nord ! Demain jour de repos : je te ferai une longue lettre. Amoureux baisers. Roger. »  
  Aud. carte postale Montauban 27/03/1918 Roger à « Mon amour – Sais-tu que je regrette un peu ma petite cagna du Bois le Prêtre ? Là, malgré le froid régnait une douce température ; ici je suis logé dans une grande chambre sans feu. J'espère toutefois voir arriver sous peu des jours meilleurs. Mille bien gros baisers de ton petit Roger. »  
AD06-161J0064 Perdu les lettres de Marie-Jeanne mais a encore celle de Giauffret 03/04/2018   Souvenirs* p. 55.
AD06-161J0064 Georgette à Maurice J. – école des mutilés – La Délivrande (Calvados). Col perso 14/05/1918 De Caen - « … songez... mon pauvre chéri que nous sommes dans la potinière province, et que ma modeste situation de petite institutrice ne me permet pas de m'afficher ni de m'affranchir des sots préjugés qui disent qu'une jeune fille bien élevée ne doit pas se promener avec un jeune homme [permissions] sans que leurs amours aient un titre bien défini...»  
AD06-161J0064 Georgette à Maurice J. 31/05/1918

- Centre du Conseil de Réforme – Caen notée « Inconnu 91 – retour à l'expéditeur ». Comm eil est hospitalisé, ce sont les lettres de sa fiancée qui ont été conservées. Col pers

« … lorsque je vous ai vu passer (mangeant dans la salle) votre sac au dos, tout de suite j'ai compris. Je suis aussitôt partie comme une pauvre égarée avec mon gros chagrin (…) Après vous avoir vu passer j'ai eu bien de la peine à étouffer mes sanglots ; après avoir eu vos chères lettres des mains de votre copain, jeme sis enfermée dans ma chambre et là étendue sur le lit je me suis mise à sangloter [...] Maman partie hier soir, je suis complètement isolée dans ce sale patelin où des jaloux  (vous en savez la preuve) me veulent du mal. [...] Oui mon petit aimé, si je n'avais le grand espoir au cœur qui me fait vivre, j'aurais actuellement une vie intolérable... »

 
  Georgette à Maurice J. 04/08/1918

– commente une conférence de Maurice Souriaux (fac de Caen) - Col perso

Selon Souriau « On ne dit plus on les aura ! On peut dire on les eus !! Les frideux boches doivent rire vert. M Souriau a fait un très bel éloge au peuple italien : il aura fait plaisir à beaucoup car nombre de petits Italiens vont en classe à Colombelles ; les Autrichiens et les boches qui prétendaient, avant, qu'ils n'étaient que des joueurs de mandoline, auront entendu les fameux airs de mandoline qu'ils viennent de leur jouer, car ils nous ont beaucoup aidés dans les récents combats victorieux ; et tous les Américains disent qu'ils veulent tout donner à la France (leurs milliards et leur sang, leur puissante industrie) mais qu'ils ne veulent rien accepter de la France... (…) Le professeur nos a cité quelques méfaits atroces, indéniables, commis par les boches (…) Il a terminé en disant qu'il faudrait cultiver dans nos descendants, petits et arrières enfants, le souvenir de tout c equi_ s'est passé durant cette guerre ; il faut avoir et inculquer la haine du boche, et l'admiration et le souvenir reconnaissant pour nos héros morts pour la grande cause sacrée. La plus grande religion qui existe, selon ljui, ordonne de pardonner à ceux qui nous ont offensés, mais pas à ceux qui ont offensé les autres. Par conséquent il faut implacablement les haïr de toutes nos forces

 
  La Semaine de Suzette (perso Mm) 07/11/1918 La guerre a disparu de l'environnement. Vaguement évoquée dans une histoire d'orphelins - dont une petite « négresse » -  hébergés et sauvés par des Lords anglais vivant dans un château en Provence. Les américains ont la cote : une histoire d'enfants se déroule en Amérique et une proposition de corres avec « a little american and catholic girl of her age « 16 » to be friends... »  
  Bruno Cabanes 11/11/1918 Cite un soldat de la 16ème DI, Vème armée, à sa femme : « Tu me parles des réjouissances qui ont lieu à Bourges en l'honneur de la victoire. Cela est très bien, mais je trouve qu'on exagère un peu. Ceux qui font la fête là-bas, ne sont pas ceux qui l'ont gagnée, cette victoire, ou du moins, il y en a bien peu. »  
  Aud. carte postale Sarrelouis 24/12/1918 Seitzenhan – Roger à « Ma petite Lolotte chérie – Toute ma pensée quittant bien souvent dans la journée cette contrée où l'on considère malgré tout comme des ennemis, s'en va vers un petit coin du sud ouest où je recevrais, j'en suis sûr, un tout autre accueil. Tout pour toi ma chérie. Ton Roger »  
AD06-161J0064 AD06 1918   Médailles : Militaire, Croix de guerre, identification, matricule et Patrie - Copie des Carnets de Freinet - Montre balle boussole - Soins gratuits aux victimes - À Madeleine Paillier - Cousine (de l'hôpital de Quimper) - Adresses mêlées - Lettre du service historique des armées (datée d e1995) - Carte militaire - Carte postale La Praz en Savoie - chronologie de l'itinéraire 14-18 de CF - Carte Postale Chateauneuf Mazenc – Drôme